Alors que la promotion 2018 semble bénéficier d’une bonne insertion professionnelle, l’incertitude demeure pour les futurs diplômé·e·s.
Consciente de la conjoncture actuelle et des perspectives incertaines induites par la crise sanitaire, l’Apec met en regard les résultats de son baromètre 2020 et le volume d’offres d’emploi actuellement proposées aux jeunes diplômé·e·s.
Les points à retenir
- Des conditions favorables pour la promotion 2018* : 85 % des Bac+5 occupent un emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme et sont mieux rémunérés que leurs prédécesseurs (+6,5 % pour le salaire médian de la promotion 2018 vs 2017)
- Des points de fragilité demeurent et pourraient s’accentuer pour les diplômé.e.s 2019 et 2020 : 31 % des diplômé.e.s 2018 actuellement en poste ont un contrat de travail non pérenne (CDD ou contrat d’intérim) et 43 % n’ont pas le statut de cadre. Enfin, 1 diplômé sur 5 interrogé qualifie son emploi actuel de « job alimentaire ».
- Un niveau d’offres d’emploi en baisse : pour le mois d’avril 2020, l’Apec constate une chute des offres d’emploi destinées aux jeunes diplômé·e·s (-69 % contre -62 % pour l’ensemble des offres de cadres par rapport à avril 2019). Les activités informatiques, l’ingénierie R&D et le conseil et gestion des entreprises, trois secteurs-clés pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômé.e.s, sont également impactés par cette baisse. Ils représentent, à eux seuls, un peu plus de la moitié des offres d’emploi proposées aux jeunes.
- Des perspectives incertaines pour les futures promotions : les prévisions de recrutements cadres de 297 000 embauches en 2020, dont 50 000 recrutements pour les jeunes, que nous avions dévoilées en début d’année, ne se réaliseront pas.
Pour autant, la nécessité toujours croissante d’innovation des entreprises va continuer d’ouvrir des opportunités pour les jeunes diplômés, notamment ceux issus de disciplines à fort contenu technologique.
*interrogée en janvier 2020
Une bonne insertion malgré quelques signaux faibles
L’enquête Apec révèle des conditions d’insertion favorables pour la promotion 2018. L’accès à l’emploi se maintient à un niveau élevé : 94 % des jeunes ont déjà connu un premier emploi, et 85 % sont en poste 12 mois après l’obtention de leur diplôme. Fait marquant, leur rémunération est en hausse de 6,5 % (vs la promotion 2017), pour un salaire brut médian de 32 000 €/an. Néanmoins, 21 % des sondés déclarent que leur emploi n’est pas en adéquation avec leurs aspirations et 1 jeune sur 5 estime occuper un « job alimentaire ». Enfin, les conditions précaires (temps partiel, contrat à durée déterminée, statut de non cadre) viennent encore trop souvent peser sur le début de carrière de ces jeunes de niveau Bac + 5 et plus en emploi.
Ces signaux faibles vont vraisemblablement s’accentuer sous l’effet de la crise actuelle.
Les jeunes diplômé.e.s 2019 et 2020 pourraient rencontrer davantage de difficultés à s’insérer, notamment pour ceux dont la discipline de formation est traditionnellement la plus éloignée de l’emploi et souvent moins recherchée, par exemple dans les sciences humaines et sociales, les lettres, langues et arts ou les sciences fondamentales.
(*Taux d’emploi : part des jeunes diplômé·e·s en emploi 6 ou 12 mois après l’obtention de leur diplôme)
Un niveau d’offres d’emploi en baisse, surtout pour les jeunes diplômé.e.s
Sur le mois d’avril, les offres d’emploi ouvertes aux jeunes diplômés ont chuté de 69 % par rapport à la même période l’année dernière, contre 62 % pour l’ensemble des offres de cadres. Ce décrochage s’est fait de manière très nette dès l’annonce du confinement, avec une chute de 62 % entre mars et avril 2020. Les trois secteurs qui recrutent le plus de jeunes diplômé.e.s (activités informatiques, ingénierie-R&D et conseil et gestion des entreprises) ne sont pas épargnés et affichent également un recul des offres d’emplois de 70 % en moyenne. Notons qu’ils représentent près de 55 % du volume d’offres d’emploi ouvertes aux jeunes.
On le sait, en période de crise, les jeunes, tout comme les seniors, sont traditionnellement les plus touchés. Cette baisse des offres d’emploi correspond à la tendance observée sur l’ensemble du marché de l’emploi cadre. Pour autant, il s’agit d’une photographie à date, qui peut évoluer très rapidement, au diapason des effets de la reprise. Même si nous ne pouvons pas faire de pronostics sur les recrutements de cadres, nous savons que les besoins structurels vont probablement perdurer. En outre, la digitalisation des entreprises, qui s’est accélérée pendant le confinement, va continuer d’offrir des opportunités, notamment aux jeunes issus des filières technologiques. Dans ce contexte, nous devons inciter les entreprises, une fois les conditions de la reprise d’activité atteintes, à ajuster leurs critères de recrutement, afin de ne pas écarter du marché de l’emploi les plus fragilisés, notamment les plus jeunes.
Philippe Dialynas, directeur général adjoint.
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Source Article : Apec.fr
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